Salut ! c'est l'equipe de nuit du FOU qui rentre se coucher, et qui jete un oeil à ton texte... J'ai corrigé pas mal de fautes, mais j'ai pu en oublier quelques unes, le comité de relecture va passer.
Comment ça, les jeux en ligne sont une drogue ? --------
Mars
Ca y est, j’y suis. Mars, la planète mystérieuse, le lieu où je pourrai enfin oublier cette sale histoire.
J’ai tué. À plusieurs reprises, oui. J’ai tué à plusieurs reprises durant cette sale affaire. Putain comme je me dégoûte. J’ai tué de sang froid par amour et la dernière de mes victimes c’était celle que j’aimais.
Résumons les faits une dernière fois. Comme un exutoire.
La planète rouge s’approche. Je la vois de plus en plus belle depuis la navette me menant de la base satellite à ma nouvelle maison, mon bunker. Le bunker de l’oubli, ma forteresse intérieure.
Il y a encore peu, trop peu, j’étais inspecteur à L.A, paradis des sales affaires. Je menais en parallèle de ma vie de flic une vie d’enquêteur privé. Ripou ? Non. C’est juste un excellent moyen de s’infiltrer dans certains milieux, si vous voyez ce que je veux dire. Bref, je ne me dégoûtais pas, à l’époque. C’était justifié, n’est-ce pas ? Et
la faim justifie les moyens, non ?
Tout allait bien dans ma petite vie de flic. Les enquêtes se suivaient et étaient suffisamment diversifiées pour échapper à la routine, la plupart du temps. Sinon, il y avait toujours Lola, la danseuse du Ravenne Bar.
J’allais la voir les soirs de déprime. On se retrouvait à la fin de son spectacle devant un verre. Puis on se racontait nos malheurs réciproques verre après verre. Puis, après le dernier verre, chez moi ou chez elle, on se consolait. Bref, c’était plus une histoire de verres que d’amour. Mais, mine de rien ça crée des liens, et puis il y a l’habitude. Cette routine qui s’installe discrètement et attache. Cette routine qui fait accepter ce qui ne va pas.
Tout ça pour dire que notre relation commençait à la menacer. C’était ma faiblesse et bientôt quelqu’un s’en servirait. Je l’ai toujours su et j’aurais dû y pallier dès les premiers instants où j’ai senti cette routine s’infiltrer. C’est comme ça que cette affaire a débuté.
J’étais sur une enquête de trafic de drogue. Cette nouvelle merde qui abrutissait les jeunes. La galactica comme ils l’appellent. Elle était distribuée par le fils à Corses, le mafieux en vue du moment. Et je dois avouer que le procédé était original, je m’explique : La base était un rpg sur le net.
Oui, c’est marrant dit comme ça, mais ça l’est beaucoup moins quand son fils devient un no-life, commandant sa seule nourriture par un distributeur relié à un jeu virtuel. Ce distributeur vendait des accessoires et substances censées permettre aux joueurs de rentrer dans la peau de leur personnage, au point de ressentir ses émotions. Mais ce n’est qu’un leurre.
En phase finale de dépendance, la victime se trouve transformée en pompe à fric, branchée à sa machine et totalement déconnectée de toutes réalités. Les plus chanceux se retrouvent en cure de désintoxication comme Jimmy, un de mes témoins. Au cours de nos entrevues, il était régulièrement pris de crise épileptique et d’hallucination. Des fois il changeait radicalement d’identité, se prenant pour un mage illustre méritant le respect dû à son rang. Enfin des connerie du genre quoi. J’ai du mal à croire qu’il était un jeune prometteur, fils d’une des dix fortunes mondiales.
David, un ami d’études à la police scientifique, m'assistait dans la traque des distributeurs sur la toile. Bidouilleur et autodidacte de l’informatique, il comblait à merveille mes nombreuses lacunes. Il était le fils d’un émigré Mexicain qui avait fait fortune dans la serrurerie et avait un sens inné pour la débrouille.
Ces bons moments passés ensemble me manqueront également. Enfin, à chaque fois que l’on chopait un distributeur un autre apparaissait. Cette affaire pris très vite une ampleur mondiale. De nombreuses équipes étaient mises sur le coup dans chaque état et sur tous les continents, de quoi se retrouver largué très vite. Mais je savais que la source était toujours ici à Los Angeles. Une sorte d’intuition, dit-on.
Nous avons quasiment fait le lien entre le fils de Corses et l’affaire quand les journalistes sont venus foutre leur merdier habituel. Je ne sais toujours pas où l’information a filtré mais ils ont fini par savoir que j’étais sur le point d’avoir Corses junior. Et ces abrutis n’ont rien trouvé de mieux que de montrer mon portrait aux infos. C’était le début de la fin.
Je ne connais rien de plus vicieux que les mafieux de L.A, et rancuniers avec ça. Ils voulaient que je sache qu’ils savent. Vous voyez le genre. Un premier appel téléphonique à mon studio. C’était le soir. Je m'étais servi un whisky sec et la télé mâchait le silence dans le fond. Je potassais le dossier étalé sur la table basse.
Le téléphone sonne. Une fois, deux fois, trois fois. Je me décide à décrocher, et là rien. Excepté cette respiration fatiguée à l’autre bout du fil. Une minute à peine avant de raccrocher. Longue minute. Ce petit manège recommença une heure après.
- Oui, qui c’est ? Bon sang répondez !
Et à nouveau rien. À ce moment là une boule se fit dans mon ventre. Lola. Il était aux alentours de minuit, elle finissait son show. Tout du moins, avec le retard habituel des artistes, j’avais le temps de me rendre au Ravenne Bar pour la protèger. J’avais déjà l’imperméable et la main sur la poignée quand le téléphone sonna une nouvelle fois. C’est toujours quand on est pressé qu’il se réveille lui. Et si c’était encore eux ?
- Putain ! Vous allez me dire se que vous me voulez oui ?
- Ho, ce n’est que moi Bor Son. Tu as vu les infos ?
Mon supérieur. Il me foutait la paix en règle générale et il aurait préféré me voir crever plutôt que de me border à pareille heure.
- M’en parle pas. J’en suis à mon deuxième appel anonyme. Je croyais que c’était encore eux.
- Tu as pensé à Lola.
Qu’est-ce que ça pouvait lui faire. Ne me dites pas qu’il couchait aussi avec...
- J’y allais de ce pas.
- Ok. On s’y retrouve.
Ca puait le remord, maintenant que j’y pense.
Le Ravenne se nichait dans une petite rue sombre, comme tous les bars de son gabarit. Un réverbère fonctionnel sur deux. Tas de poubelles, des voitures pourries stationnées dont une sans roue et une Bentley neuve. Ils étaient là. Pas dans le genre discret. J’entrais dans le bar enfumé. Odeur putride de tabac froid et de sueur. Le videur me connaissait mais m’ignora. Elle était sur scène, nue, magnifique. Subjuguant le public de veaux. Je m’avançais au milieu. Nos regards se croisèrent et ses lèvres affichèrent une moue langoureuse suivi d’un sourire anxieux. Ces lèvres si douces, si chaudes à cet instant et si froides l’instant suivant. Le coup de feu était parti.
- Lola !
La musique cessa dans un klaxon de corbillard.
J’étais monté sur scène. La serrant dans mes bras, mouillant mes joues comme un gamin ayant perdu sa mère.
- Lola pardonne-moi. C’est de ma faute. Pardonne-moi.
La sirène des flics venait évacuer la salle. Un type en costard, le gérant, était monté à coté de moi et parlait à la foule paniquée. D’autres poules glissaient la tête des coulisses dans un jacassement de cris, de gémissements et de pleurs. Le temps immobile. Je me relevais en m’aidant de la barre de striptease fichée entre ses jambes. Nouvelle déco rouge sur noir pour la scène.
L’instant d’après j’étais au bar, le nez dans un nouveau whisky. La clientèle avait changé. Ambiance commissariat. La morte photographiée comme une star dans sa dernière pose et recouverte du voile de la pudeur. Une main se pose sur mon épaule. C’était Wilson, un collègue. Le calepin dans l’autre main, il avait dû s’occuper des interrogatoires habituels.
- Ca va ?
Un long moment de silence avant qu’il ne reprenne.
- Une des danseuses veut te voir.
Qu’elle aille au diable. Dans un automatisme, je laissais mon verre pour la rejoindre dans les loges.
Sur le chemin le commissaire m’intercepta.
- Je te retire de cette affaire. Prends des vacances.
Je lui fis signe de la tête, mais il était hors de question. Après tous les sacrifices que j’avais fait, je ne pouvais pas. Je ne dis pas qu’il n’y avait pas un sentiment de vengeance malsain. Après tout, nous ne sommes que des hommes. Je lui remis mon insigne et mon arme séance tenante, avant de lui tourner le dos. Dès la première larme, je savais que j’allais reléguer mon arme de service pour mon bon vieux colt.
Loges de dancing
J’étais devant la porte des loges du Ravenne bar. Que me voulait cette danseuse ? Je sentais l’assurance de l’ivresse me prendre. J’avais enchaîné les whiskys à la suite du meurtre de ma Lola.
J’ouvris la porte sans frapper. La loge commune des filles n'était occupée que par cette danseuse dévêtue, assise devant sont miroir. Elle sursauta. Je fis abstraction du bordel ambiant, captivé par ses yeux au maquillage étalé par les larmes.
- C’est toi ! dit-elle en rajustant son peignoir rose de soie fine.
Je laissais le silence nous envelopper pendant que nos regards partageaient quelques non-dits. Je l’avais déjà croisée quelques fois quand je venais chercher Lola. Elles devaient être proches.
- Elle est toujours là ? dit-elle en jetant son menton vers la porte.
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l'expression en rouge, c'est "la fin justifie les moyens" normalement, je ne savais pas si c'etait un effet de style ou une erreur alors j'ai laissé... à toi de voir.Relu et corrigé, BlackRebel, comité de relecture
PS : compte tenu de la longueur du texte, je préconise une autre relecture par un troisième correcteur, pour plus de sécurité.
Rerelu et recorrigé,
Absurd_Jedi