roxelay
Nombre de messages : 805 Date d'inscription : 16/07/2007
| Sujet: (non)usage de "par contre" Ven 10 Juil - 19:49 | |
| Selon l'Académie française - Citation :
- « Par contre, en
revanche, d’un autre côté, en contrepartie, en compensation, à l’inverse. Condamnée par Littré d’après une remarque de Voltaire, la locution adverbiale Par contre a été utilisée par d’excellents auteurs français, de Stendhal à Montherlant, en passant par Anatole France, Henri de Régnier, André Gide, Marcel Proust, Jean Giraudoux, Georges Duhamel, Georges Bernanos, Paul Morand, Antoine de Saint-Exupéry, etc. Elle ne peut donc être considérée comme fautive, mais l’usage s’est établi de la déconseiller, chaque fois que l’emploi d’un autre adverbe est possible. » (Dictionnaire, 9e édition, 1994-...)<blockquote class="spip">
</blockquote> Le littré : - Citation :
- Terme du langage commercial. Par contre, en compensation.
- Citation :
- Par
contre est une locution dont plusieurs se servent, pour dire en compensation, en revanche : Si les artisans sont ordinairement pauvres, par contre ils se portent bien ; Si le vin est cher cette année, par contre il est bon. Cette locution, qui a été tout particulièrement critiquée par Voltaire et qui paraît provenir du langage commercial, peut se justifier grammaticalement, puisque la langue française admet, en certains cas, de doubles prépositions, de contre, d'après, etc. mais elle ne se justifie guère logiquement, par contre signifiant bien plutôt contrairement que en compensation, et devant provenir de quelque ellipse commerciale (par contre ayant été dit pour par contre-envoi) ; en tout cas, il convient de suivre l'avis de Voltaire et de ne transporter cette locution hors du langage commercial dans aucun style.
Le littre déconseille son usage (interprétation implicite puisqu'il ne conseille son usage que dans des termes relatifs au langage commercial), le Robert ne signale rien du tout à ce sujet, à part sur la locution "en contrepartie". A noter que "par" devrait être suivi d'un nom (quid de "par conséquent", "parce que" ?). D'autant qu'utiliser "par contre" en début de phrase semble être considéré comme une faute (je pencherai pour cela pour ma part), dans ce cas utiliser "en revanche" pour débuter un paragraphe/phrase/texte. A voir également dans le Nouveau dictionnaire des difficultés du français, Tchou 1970, Jean-Paul Colin écrit: - Citation :
- par contre. Emploi.
Il est aujourd'hui impossible de refuser cette locution adverbiale, que l'on trouve chez tous les bons écrivains.
Nombreux exemples chez Apollinaire, Gide, Estaunié, Saint-Exupéry, etc. L'Académie, en 1835, caractérisait par contre comme une locution du «style commercial»; toute mention de par contre a disparu dans la 8e édition , en 1932. Littré écrit de son côté : « Il convient de suivre l'avis de Voltaire et de ne transporter cette locution hors du langage commercial dans aucun style.»
Mais, remarque Gide, « en revanche et en compensation, formules de remplacement que Littré propose ne me paraissent pas toujours convenables. Trouveriez-vous décent qu'une femme vous dise : " Oui, mon frère et mon mari sont revenus saufs de la guerre; en revanche, j'y ai perdu mes deux fils", ou "La moisson n'a pas été mauvaise, mais en compensation toutes les pommes de terre ont pourri. " ? ... Par contre m'est nécessaire et, me pardonne Littré, je m'y tiens. »
- Citation :
- Le refus de « par contre » est une vieille antienne puriste depuis Voltaire (« par contre » étant repris du langage commercial).
Il est pourtant passé dans l'usage courant. On notera que Gide s'en faisait le défenseur préférant, pour des raisons d'opportunité, « par contre » à « en revanche » dans un exemple du type « Mes deux fils sont morts à la guerre ; par contre, mon neveu n'a été que légèrement blessé » (dans le cas inverse, on verrait mieux, en effet: « Mes deux fils n'ont été que légèrement blessés à la guerre ; en revanche, mon neveu a été tué). Péchoin et Dauphin (Larousse des difficultés) notent à juste titre que « Naguère critiqué, "par contre" est désormais admis dans le registre courant. RECOMM[andation] Dans l'expression soignée, en particulier à l'écrit, préférer "en revanche, au contraire, du moins", en fonction du contexte. » Cette sage préconisation vous préservera de l'ire des puristes (que j'attends personnellement sur le pré. Je choisis mon arme : les subtilités d'accord du participe passé... Hi hi !). Naturellement, vous trouverez encore des ouvrages puristes à la Capelovici (« Tends tes doigts que je te donne un coup de badine », tel est leur principe de défense d'une langue momifiée, donc morte) qui vous diront que «Gna gnagna ». Il faut regarder la date. On ne le reprochera pas à Adolphe Thomas (un état de la langue et de sa normalité déjà ancien). Mais Girodet (Bordas des difficultés), qui penche (quoi qu'il en dise) du côté des puristes, se garde bien de condamner (ce qu'il fait dans d'autres cas). Il écrit (nuance importante chez lui) : « À éviter dans la langue surveillée » (penser notamment à l'écrit ou aux discours préparés, aux échanges un peu formels). Personnellement, si je ne recommande pas « par contre », c'est surtout parce que ce heurt de deux prépositions (par, contre) me paraît peu esthétique. Rien de plus, rien de moins. Le CNRTL : - Citation :
- IV.− Loc. adv.A.− Ci-contre, là-contre (v. ci et là).
B.− Par contre. Loc. adv. marquant l'opposition à un énoncé antérieur. Si le jardin se trouvait à l'ombre, la maison, par contre, était en plein soleil (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 297) :20. Les objets des dédains philosophiques de nos naïves imaginations de seize à vingt ans deviennent par contre des objets très sérieux de notre culte. E. Delacroix, Journal, 1824, p. 55. 21. C'étaient deux êtres doués de sens merveilleux, mais exclusivement terrestres. Les sensations se prolongeaient en eux avec une intensité inquiétante. Ils s'y oubliaient eux-mêmes à force de les éprouver. Par contre, certaines idées, celles de l'âme, par exemple, de l'infini, de Dieu même, étaient comme voilées à leur entendement. Villiers de L'isle Adam, Contes cruels, Véra, 1883, p. 24. 22. Croquebol enfonçait dans l'herbe détrempée. La Guillaumette, par contre, tombé dans un filon glaiseux, amassait sous ses pieds d'énormes mottes d'argile et n'avançait plus qu'à coups de reins, stupéfait de se voir grandir aux côtés de son camarade. Courteline, Le Train de 8 h 47, 1888, 2e part., 3, p. 121.
Rem. 1. Grev. 1969, § 980, observe que à la différence de en compensation ou en revanche qui ,,ajoutent à l'idée d'opposition une idée particulière d'équilibre heureusement rétablie``, par contre exprime ,,d'une façon toute générale l'idée d'opposition et a le sens nu de mais d'autre part, mais d'un autre côté``. 2. Sur l'offensive des puristes à propos de la loc. par contre, on verra A. Doppagne, Trois aspects du fr. contemp., Paris, Larousse, 1966, pp. 193-197 : ,,le succès qu'ont réservé à par contre la plupart des écrivains du xxe siècle, le fait qu'il ne soit pas toujours remplaçable par les locutions par lesquelles on propose de le remplacer, légitiment tout à fait l'utilisation de cette locution``. 3. On rencontre en Suisse romande contre indiquant le moment où se déroule une action : Contre le soir, son compagnon s'était laissé surprendre (W.-A. Prestre, Cordée sans corde, Boudry, 1959, p. 216) et dans certaines expressions à valeur temporelle : Aller contre (une saison). Avancer dans la saison. Alors ça nous mène déjà un rude bout de chemin contre le printemps (W. Dubois, En poussant nos clédars, Le Locle, 1959, p. 178).
info tirées notamment de : http://francois.gannaz.free.fr/Littre/xmlittre.php?requete=contre&submit=Rechercherhttp://www.languefrancaise.net/http://www.langue-fr.net/http://forums.futura-sciences.com/ | |
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Elien
Nombre de messages : 342 Date d'inscription : 03/07/2009
| Sujet: Re: (non)usage de "par contre" Sam 11 Juil - 5:10 | |
| Intéressant. Par contre (ou en revanche) tu ne dis pas qui s'exprime dans la quatrième citation, c'est dommage. Par ailleurs : - Citation :
- A noter que "par" devrait être suivi d'un nom (quid de "par conséquent", "parce que" ?).
"parce" n'est justement pas (plus) "par". A part ça, je ne connais pas les détails... | |
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roxelay
Nombre de messages : 805 Date d'inscription : 16/07/2007
| Sujet: Re: (non)usage de "par contre" Sam 11 Juil - 11:53 | |
| - Elien a écrit:
- Intéressant.
Par contre (ou en revanche) tu ne dis pas qui s'exprime dans la quatrième citation, c'est dommage.
Par ailleurs : - Citation :
- A noter que "par" devrait être suivi d'un nom (quid de "par conséquent", "parce que" ?).
"parce" n'est justement pas (plus) "par". A part ça, je ne connais pas les détails... Toutes mes sources sont citées en fin de message, au départ je ne pensais pas donner directement les sources pour chaque citation précisement en fait ; j'ai pris "parce que" qui n'est, en fait, pas autre chose que "par ce que" mais l'on aurait pu choisir d'autres locutions . | |
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